Québec : mode d'emploi

Le Québec, vu, analysé et expliqué avec humour par une Franco-Québécoise de souche. S'invitent parfois coups de coeur, coups de gueule et chroniques, ayant ou non rapport avec la Belle Province. Bienvenue et bonne lecture !

Boîte à lunch, miel et soupçon de vulgarité

crédit photo : cdiscount.com

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Une boîte vide, c'était nul ; un lunch tout seul, ce n'était pas pratique à transporter ; et le concept de la cantine scolaire, ça n'existait pas au Québec. Dieu s'est donc dit qu'il n'y a pas de problèmes, qu'il n'y a que des solutions, et créa la "boîte à lunch" ("lunch bag" pour les anglophones, explications ci-dessous pour les novices).

 

La situation est simple et je vous libère dans cinq minutes, rassurez-vous.

 

Exit les cantinières casse-couilles et le steack hâché bouilli : au Québec, les écoles primaires ont fait le choix de ne pas s'encombrer d'un dossier supplémentaire à gérer - la cantine.

 

Je pourrais faire simple et rapide en disant que ce sont donc les mamans qui préparent les repas de leurs enfants pour l'école, mais je vais plutôt faire dans l'ultra politiquement correct, car ça m'insire un paragraphe amusant.

 

Au Québec, donc, puisqu'il n'y a pas de cantine, c'est la maman ou le papa qui prépare le repas des enfants pour l'école (je ne veux pas que l'on me traite de sexiste) ; ça peut aussi être la maman 1 ou la maman 2 (je ne veux pas que l'on me traite d'homophobe) ; ou encore le papa 1 ou le papa 2 (je ne veux pas que l'on me traite d'homophobe qui est homophobe envers les hommes seulement). Les lunch peuvent également être préparés par la grand-mère (je ne veux pas que l'on me traite de gérontophobe), ou par le grand-père (je ne veux pas que l'on me traite de gérontophobe sexiste). Il peut s'agir d'une famille de Québécois de souche, d'une famille de Québécois d'origine maghrébine, haïtienne, asiatique ou d'une famille de Maghrébins, Haïtiens, Asiatiques de souche, installée au Québec (je ne veux pas que l'on me traite de raciste). Cette même famille peut tout à fait manger devant la télé sept jours par semaine (je ne veux pas que l'on me traite de ringarde), et elle est du reste tout à fait en droit de ne pas regarder Plus Belle la vie (je ne veux pas que l'on me traite de sadique).

 

Je reviens à présent à ma boîte à lunch, l'esprit tranquille.

crédit photo : runningwithtweezers.com

crédit photo : runningwithtweezers.com

Si on est organisé, on prépare les lunch des enfants le soir. Si on aime se lever 20 minutes plus tôt, on les prépare le matin, en 20 minutes. La star du lunch d'écolier québécois ? La sandwich. (Oui, au Québec, on met souvent « sandwich » au féminin.) S'y ajoutent bien sûr divers à-côtés tels que des fruits, du jus de fruits, de la salade de fruits, des biscuits, des craquelins, des chips, un yaourt, du fromage, etc. Parfois, un plat chaud peut remplacer la sandwich. Ce joyeux festin se retrouve ainsi dans la sacro-sainte "boîte à lunch", objet qui génère tout un marketing ici. Il y en a pour tous les goûts et tous les âges, et c'est la guerre entre Bob l'éponge, Barbie, Spiderman et Caillou (l'homologue québécois de Oui-Oui) pour être celui ou celle qui accompagnera le plus de petits Québécois à l'école.

Chacun a son avantage, son pouvoir qui lui est propre :

- Bob l'éponge peut rester super longtemps sous l'eau sans respirer ;

- Barbie a les fesses super fermes alors qu'elle ne fout rien de la journée ;

- Spiderman sait embrasser les filles la tête en bas et sous la pluie s'il-vous-plaît, le tout sans s'étouffer (pourtant il y a forcément des gouttes de pluie qui lui entrent dans les narines) ;

- enfin Caillou est polyglotte (à 4 ans !) et chante comme un humain.

Difficile de faire un choix face à tant de talent.

L'idéal reste vraiment d'opter pour la boîte à lunch Winnie l'Ourson - un gros lard dont le seul dessein est de lécher du miel et qui aime à papillonner le cul à l'air. Pourtant, Tigrou est tentant, et tout le monde sait que Winnie est gay. Qu'on arrête avec le miel et qu'on nous montre la vraie vie. Après tout nous sommes en 2012.

Boîte à lunch Winnie l'ourson, donc, pour donner un coup de pouce à la pauvre bête et l'aider à déclarer sa flamme. Il n'y a pas de sottes B.A. ; il n'y a que des sottes gens qui ne comprennent rien au désespoir amoureux.

crédit photo : Walt Disney

crédit photo : Walt Disney

Pour les mamans en manque d'inspiration, les idées boîte à lunch pullulent sur le Net et dans les magazines. Des heures de plaisir en perspective.

Moi, si j'avais passé mes années d'école primaire au Québec, j'aurais choisi la boîte à lunch Pocahontas. Elle est gentille, a de beaux cheveux et n'est pas sur Facebook : elle me représente à merveille.

Et toi, qui aurait-il sur ta boîte à lunch si tu avais 8 ans et que tu vivais au Québec ?

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