10 Janvier 2013
On s'aime, on s'aide, on se soutient, on se pardonne, on se parle, on se reparle, on se réconforte, il neige. La neige met le bordel sur les routes et la paix dans les coeurs. Et plus il y en a, et plus c'est vrai.
Probablement parce qu'elle empêche les véhicules de faire leur devoir et qu'elle pousse les humains à faire le leur : s'entraider.
En effet, que tu te nommes Jean Valjean ou Largo Winch, quand ta bagnole est prise dans la neige, ta bagnole est prise dans la neige. Par conséquent tu ne fais ni le malin, ni l'indépendant, et encore moins le héros. Tu fais pitié. Tu fais pitié et tu as besoin d'aide, ce à quoi tu as droit très rapidement car tu es au Québec, une journée de tempête.
Cette solidarité hivernale m'émouvra toujours.
Un voisin qui ne te dit jamais qu'il fait beau en souriant et qui t'épie moralement à longueur de semaines va venir t'aider à déneiger autour de ta voiture. Un autre que tu t'es mis à dos l'été dernier en lui disant qu'il passait trop souvent sa tondeuse et que ça t'emmerdait va gentiment venir te faire un petit passage dans ton allée, avec sa souffleuse à neige. Il tond, il souffle, et cela le rend heureux : comment ne pas lui pardonner à ton tour.
Des passants aideront une voiture à sortir d'un banc de neige alors qu'ils ne connaissent pas le chauffeur, et savent pertinemment qu'ils ne toucheront pas un rond pour leur geste. Une vieille dame va se casser la figure en descendant d'un bus, saigner de la tête, du tibia et perdre connaissance : des gens vont y aller.
C'est ça, une journée de tempête de neige au Québec. Et ça fait du bien.
Et toi, à quel moment l'homme te touche-t-il particulièrement ?